26/10/2025
Piraiba record : le plus grand poisson-chat jamais pêché

Piraiba record : le plus grand poisson-chat jamais pêché

Un monstre d’Amazonie : rencontre avec la Piraiba

Dans le grand barnum des records halieutiques — là où s’affrontent sans pitié fanas de pêche en float-tube, accros du silure XXL et vieux baroudeurs de fleuves tropicaux — un spécimen en impose par sa seule évocation : la Piraiba. Ce nom claque comme un coup de fouet sur les eaux calmes de l’Amazone. Et pour cause : ce poisson-chat géant, cousin brésilien des silures qui nous font frissonner dans la Saône ou le Rhône, détient un palmarès qui ferait pâlir plus d’un amateur de big fish.

D’accord, Pascal du lac de Villedon tient peut-être son record perso avec un 29,8 kg miroir très correct, mais ici, on parle d’un poisson qui tutoie les 150 kg et dépasse les 2,5 mètres de long. Oui, vous avez bien lu. De tels gabarits que même vos rétros ne suffiraient pas à couvrir l’ombre que projette cette bête dans l’eau.

Piraiba : portrait d’un géant moustachu

Concrètement, la Piraiba (ou Brachyplatystoma filamentosum pour les spécialistes en blouses blanches) est un poisson-chat que l’on retrouve dans les bassins de l’Amazone et de l’Orénoque. Oui, c’est bien loin d’un étang de pêche à la demi-journée, mais on peut rêver grand. Ce colosse est le plus grand des poissons-chats d’eau douce. Son cousin européen, le silure glane, a de quoi être jaloux.

Sa robe sombre, ses moustaches interminables et sa mâchoire comme sculptée à la serpe en font une créature aussi fascinante que redoutée. Car ne vous fiez pas à son air placide : derrière cette tronche d’ancien sage se cache un prédateur capable de gober un troupeau de perches en une bouchée. Bon, j’exagère (un peu), mais disons qu’il n’est pas du genre à recracher un bon steak de tambaqui quand l’occasion se présente.

Ce carnassier nocturne est une légende vivante des fleuves d’Amérique du Sud, souvent racontée par les guides comme le Graal du passionné de pêche exotique. Et autant vous dire que le palier entre une session de stalking sur les berges de la Marne et une traque à la Piraiba au milieu de la jungle, ça fait un choc thermique (et une claque logistique).

Le record mondial : une prise hors-norme

Si vous êtes du genre à noter frénétiquement les records dans un carnet aux pages cornées, celui-ci mérite une place en or. Le plus grand spécimen officiellement pêché pesait plus de 150 kilos pour une longueur dépassant les 2,80 mètres. Oui, c’est gros. Très gros.

La prise a eu lieu — sans grande surprise — sur le Rio Solimões, l’un des principaux affluents de l’Amazone. Le pêcheur, un certain brésilien à l’humilité désarmante, a mis plus d’une heure à ramener le mastodonte au bateau. Une heure de tirages, de frein serré à mort, de sueur tropicale et probablement quelques prières murmurées entre deux jurons. Imaginez une brème de 800 grammes qui décide de ne plus coopérer, mais elle fait 200 kg. Voilà.

Et ce n’est pas juste l’affaire d’un record isolé. La Piraiba, quand elle est en forme, explose les statistiques. Des pêcheurs professionnels locaux rapportent que certains spécimens peuvent peser jusqu’à 180 kg, bien que ces tailles hors-catégorie soient rarement homologuées faute de matériel de pesée adéquat (on yous parle d’une balance de chantier ?).

Matériel et techniques : pas pour les petits joueurs

Non, une canne à carpe 3 lbs et un moulin 10 000 ne suffisent pas ici, les copains. Pour tenter la Piraiba, il faut rentrer dans une autre cour. Celle des lignes en tresse de 100 lb, des cannes capables de stopper un train et du matos de pêche à la traîne plus adapté à la pêche en mer qu’à nos rivières peinardes.

Voici le kit de survie pour tenter de jouer dans la ligue des grands :

  • Cannes costaud — minimum 30-50 lb de puissance, avec une bonne marge pour encaisser les rushs violents.
  • Moulinets à tambour tournant type Penn International ou Shimano Tiagra, taillés pour le combat lourd.
  • Bras solides et moral en béton. Parce qu’après 40 minutes de tir à la corde sous 40°C, t’as envie de tout sauf de continuer.
  • Bas de ligne en acier, même si ce n’est pas un nécessaire car il n’a pas des dents acérées, la solidité reste l’enjeu premier.
  • Appâts bien vivants. Pas de pop-up rose à l’ananas ici : place aux poissons entiers, aux tranches de viande, et au bait qui pue jusqu’au Venezuela.

Ajoutez à cela une bonne embarcation, un guide local qui sait lire les courants mieux que sa propre main, et une patience d’ermite, et vous voilà (presque) prêts.

Piraiba vs Silure : le duel des titans

Alors, chers siluristes convaincus, peut-on affirmer que la Piraiba est au silure ce que King Kong est au gorille de Beauval ? Pas tout à fait. Même si la Piraiba le dépasse en taille et en poids, le comportement de ces deux géants présente quelques différences notables.

Le silure est souvent sédentaire, ancré dans “son trou”, là où la Piraiba est un grand migrateur. Il peut parcourir des centaines de kilomètres en quête de bouffe ou pour frayer. Niveau alimentation, les deux sont des aspirateurs à protéines animales, mais la Piraiba semble un peu plus véloce, plus combatif, plus… épique ? Disons que si le silure est un sumo, la Piraiba joue plutôt dans la catégorie MMA brésilienne.

Mais ne boudons pas nos rivières ! Le silure reste une proie de choix et un adversaire redoutable. Simplement, si vous cherchez un nouveau sommet à gravir dans votre carrière de pêcheur baroudeur, le fleuve Amazone vous fait de grands signes.

Y aller : rêve ou réalité ?

On ne va pas se mentir : partir pêcher la Piraiba, ce n’est pas le genre de truc qu’on cale entre la rentrée des classes et le week-end chez belle-maman. Il faut du temps, du budget, et une sacrée dose d’improvisation aventureuse.

Mais de plus en plus d’agences spécialisées dans la pêche sportive proposent des séjours en Amazonie avec guides locaux, matériel, et bivouac inclus. Certains s’adressent clairement à des profils « carpistes avancés » qui veulent se challenger sur gros gabarit. Il faut compter plusieurs milliers d’euros, mais l’expérience a autant de valeur que la photo d’un poisson hors-norme dans vos bras.

Et puis surtout, il y a ce quelque chose d’indicible. Une aura. L’idée que là-bas, bien loin des étangs bien rangés et du bruit des city cars, un monstre nage librement. Et qu’un jour, peut-être, votre ligne fera plus qu’un simple frémissement.

Ce que la Piraiba nous apprend sur la pêche

On pêche, souvent, pour ce que ça révèle de nous. Notre patience. Notre capacité à rêver. Cette envie de secouer l’ordinaire pour aller chercher l’extraordinaire sous la surface. Avec la Piraiba, on n’est plus simplement spectateur. On devient acteur d’un mythe. On parle d’une pêche où l’attente se compte en heures, la fatigue en litres de sueur, et la satisfaction en souvenirs indélébiles.

Alors oui, vous ne la croiserez pas dans votre gravière locale. Mais dans chaque poisson combattu ici, dans chaque frayeur au moment de ferrer, il y a ce goût du danger contrôlé, cette soif d’inconnu qui nous lie tous — pêcheurs de carpe ou de monstres amazoniens. À la fin, ce qui compte, ce n’est pas juste le poids sur la balance. C’est l’histoire que vous allez raconter. Et celle d’une Piraiba au bout de votre ligne, croyez-moi, elle vaut bien tous les bouillettes du monde.