25/10/2025
Peche lac de castillon : techniques, spots et saisons idéales

Peche lac de castillon : techniques, spots et saisons idéales

Un bijou des Alpes de Haute-Provence pour traquer la carpe

Camper au bord de l’eau, écouter le grésillement d’un détecteur en pleine nuit et voir une brume matinale danser sur un miroir d’azur… Bienvenue au lac de Castillon, cette perle turquoise des Alpes de Haute-Provence, encore trop méconnue du grand public carpiste. Et tant mieux, dirons certains. Car ici, nul besoin de se battre pour un poste ou de subir des gerbes de bouillettes toutes les 10 minutes. Le Castillon, ça se mérite. Et c’est ce qui en fait tout le charme.

Niché à 880 mètres d’altitude, d’une superficie approchant les 500 hectares, ce plan d’eau de barrage alimente la vallée du Verdon. Il est enclavé entre montagnes verdoyantes et forêts denses, et croyez-moi, quand on installe le bivvy à l’aube, le spectacle vaut toutes les carpes trophy du monde. Mais rassurez-vous, niveau carpe, le terrain est aussi généreux que technique. Voici ce qu’il faut savoir.

Les carpes du lac : sauvages, puissantes… et rusées

Si vous venez à Castillon pour remplir votre album Instagram, passez votre chemin. Ce lac n’est pas un centre aquatique pour carpistes pressés. Ici, les poissons sont sauvages, éduqués et musclés comme des haltérophiles en cure de silence. Il ne faut pas courir après le kilo, mais savourer chaque départ.

La majorité des prises avoisine les 8 à 12 kg, avec quelques très jolis spécimens flirtant avec les 20+. Mais plus que le poids, c’est le combat qui marque : des rushs de barracudas, un mental de pitbull et une fâcheuse manie de courir droit vers les arbres noyés. Autant dire qu’il vaut mieux bien serrer ses freins et ses nerfs.

Spots stratégiques : où poser ses cannes sans se planter

Alors bien sûr, on ne va pas tous les livrer sur un plateau (ça ferait trop plaisir à ceux qui scrollent sans lire), mais voici quelques zones clés pour augmenter vos chances :

  • La queue du lac (Saint-Julien-du-Verdon) : eau peu profonde, substrat intéressant, parfait en début de saison ou après un gros orage.
  • Les criques proches du barrage : accès plus sportif, mais des postes peu pêchés avec une belle profondeur. Spot d’enduro mental, mais potentiellement magique.
  • La zone entre Castellane et Saint-André-les-Alpes : grandes plages idéales pour les pêches itinérantes ou à roder. Attention aux vacanciers en août…

Globalement, la bathymétrie du lac est capricieuse, avec des fosses dépassant les 40 mètres. Autant dire que sonder, cartographier, observer et adapter ses montages devient aussi important que le sac de bouillettes. N’hésitez pas à grappiller des infos auprès des locaux… à condition d’amener le café.

Saisons : mieux vaut suivre la météo que le calendrier

Bonne nouvelle : le lac de Castillon est pêchable toute l’année (voir réglementation plus bas). Mauvaise nouvelle : tout ne se vaut pas.

Voici mes observations perso, affinées au fil de sessions entre pluie fine, coups de vent sournois et petit blanc frais :

  • Printemps (fin avril à juin) : LE moment le plus régulier selon moi. Les eaux se réchauffent lentement, les carpes amorcent leurs déplacements, les zones peu profondes deviennent actives. Pêcher en spot au ras des herbiers peut déclencher des départs en série.
  • Été (juillet-août) : très aléatoire. Fréquentation humaine intense, température élevée, oxygénation faible. C’est la loterie. Préférez les zones isolées, pêchez de nuit, ou explorez très tôt le matin.
  • Automne (septembre-octobre) : la magie opère à nouveau. La nature se vide, les poissons préparent l’hiver, et les touches redeviennent significatives, notamment en zone moyenne. Bouillettes riches et graines fermentées = combo gagnant.
  • Hiver : terrain désertique. Si vous aimez le silence et les challenges, c’est pour vous. Mais chaque départ se mérite comme une médaille olympique. Pêchez par beau temps après un redoux, à proximité des cassures thermiques.

Techniques qui font mouche (et lignes tendues)

Rien de révolutionnaire vous me direz, mais sur Castillon, les bases bien appliquées valent toutes les techs à la mode TikTok. Voici ce qui fonctionne réellement :

  • Partir léger, mais malin : amorçage discret, appuyé sur la régularité plutôt que sur la quantité. Graines bien préparées (mais pas explosives), pelés, stick mix simples. Ici, le tapis de bouillettes est souvent contre-productif.
  • Montages résistants : oubliez les nylons de collection. Fluoro costaud ou tresse gainée, hameçons forts de fer, et montages type combi rig ou D-rig. Les fonds sont souvent accidentés, les cassures nettes… et les carpes rancunières.
  • Esche de confiance : ma préférence ? Maïs flottant sur lit d’amorce, ou waft pop-up couplé à des pellets en sac soluble. Évitez les appâts trop « flashy », à moins de vouloir nourrir les poissons-chats ou expérimenter le néant.

Et n’oubliez pas l’arme ultime de Castillon : la patience. Car ici, le vrai plaisir, c’est l’attente, le frisson du détecteur qui sonne enfin après 10 heures de calme, ce moment suspendu entre le rêve de la touche et la réalité du combat. On n’est pas à Disneyland.

Matos à ne pas oublier (sous peine de regretter très vite)

Pas besoin d’un arsenal de silicium pour attaquer Castillon, mais quelques indispensables peuvent faire la différence.

  • Un zodiac ou bateau amorceur : certaines zones ne sont accessibles qu’ainsi, et sonder au large dévoile souvent des failles prometteuses.
  • Un écho-sondeur : luxe en étang, obligation ici. La topographie change vite, et déposer au petit bonheur fait perdre un temps fou.
  • Des repères GPS ou marqueurs : les bouées risquent d’être déplacées par le vent ou les bateaux. L’ancrage est essentiel sur ce plan d’eau exposé.
  • Piquets et lignes solides : oubliez les crocodile clips bon marché. Quand une miroir sauvage tracte vers les profondeurs à 3 h du mat, mieux vaut du matos fiable.

Petit plus : prévoyez de quoi affronter nuits fraîches et baisses subites de température. Ça ne prévient pas, et ça ajoute au charme rude du spot.

Réglementation et cohabitation : on évite les malentendus

Le lac de Castillon est classé en deuxième catégorie, soumis à la réglementation générale de la pêche en eau douce. Voici les principaux points à ne pas négliger :

  • Pêche autorisée toute l’année, mais attention aux autres espèces en période de reproduction (brochet notamment).
  • Pêche de nuit tolérée sur certaines zones, mais à vérifier régulièrement sur les arrêtés préfectoraux et auprès de l’AAPPMA locale. Néon rose sur le bivvy ? Évitez.
  • Navigation réglementée : moteur thermique interdit, seuls les engins électriques ou à rames sont autorisés.
  • Respect des autres usagers : kayaks, paddle, nageurs du dimanche… ils font partie du paysage. Donc on reste zen, même si un labrador s’emmêle dans vos lignes.

Un plan d’eau à apprivoiser, pas à dominer

Le lac de Castillon, c’est un décor de carte postale, mais une zone de pêche qui ne se laisse pas apprivoiser au premier lancer. Pour le carpiste contemplatif que je suis, c’est un bonheur rare : celui d’un spot où l’on pêche autant pour l’histoire que pour la prise. Chaque session ici est une micro-épopée – parfois frustrante, souvent muette, mais toujours vibrante.

Alors si vous aimez les challenges, les montées d’adrénaline entre deux silences, et les poissons qui n’ont jamais vu d’épuisette… Castillon vous tend les bras. Mais venez humble, préparé, et surtout avec l’esprit grand ouvert.

Parce que parfois, la plus belle prise, c’est juste ce lever de soleil sur la montagne, avec le café tiède à la main et vos lignes tendues vers l’inconnu.