Un plan d’eau XXL pour des sensations tout aussi grandes
On ne va pas se mentir : le lac de Pannecière, c’est un monstre. Un colosse planqué au cœur du Morvan, et pas du genre à se laisser apprivoiser en trois coups de cuillère à pot. Avec ses 520 hectares (oui, tu as bien lu), des plages quasi désertes, et une biodiversité aquatique qui frôle le fantasme halieutique, c’est un spot taillé pour les pêcheurs qui aiment que ça claque, que ça cogne, et surtout que ça n’attende pas de se faire beau pour nous livrer ses secrets.
Mais attention, Pannecière, c’est aussi le genre de lac qui te rappelle que la pêche à la carpe, c’est pas Netflix. Ici, pas d’algorithme pour te garantir le poisson, mais du terrain, des surprises, et parfois pas mal d’humilité à avaler. Bref, le genre d’endroit où on va pour vivre quelque chose… pas juste pour remplir sa bourriche.
Accès, réglementation et bonnes pratiques : les bases
Avant de planter ton biwy en mode conquérant, il y a quelques règles et infos à connaître pour éviter de te faire recaler à l’entrée (ou de finir ton week-end à expliquer à un garde pourquoi tu pêches comme en Sibérie profonde).
- Pêche de nuit autorisée sur certaines zones uniquement. Pense à consulter la carte de l’AAPPMA locale (ou le site de la fédé 58) pour te positionner au bon endroit. Cette carte change selon les saisons, alors ne joue pas au cowboy.
- La carte de pêche est évidemment obligatoire. Pour le côté pratique : tu peux l’acheter en ligne. Pas d’excuse du genre « je pensais que c’était comme en Dordogne ».
- Moteurs thermiques interdits… et heureusement, sinon Pannecière serait Disneyland. Préfère les barques à moteur électrique ou rameurs motivés.
- Bateau amorceur accepté sous conditions – toujours vérifier si des restrictions ne sont pas en place à certaines périodes.
Petit conseil d’ami (expérience vécue) : ne sous-estime pas l’accès aux berges. Le Morvan, c’est joli, c’est vert, mais c’est pas plat. Certains postes à fort potentiel exigent un petit trek version commando. Prévoyez chariot, mollets solides et motivation.
Les zones à cibler… et celles où perdre son temps
Comme tout grand lac, Pannecière a ses humeurs et ses zones d’humeur. Il ne s’agit pas ici de tout balancer au hasard en espérant une touche divine. Y a clairement des coins qui sortent du lot, notamment :
- Le secteur des Settons : zone de profondeur modérée, avec des hauts-fonds intéressants à exploiter. Pas mal de passage de fish, notamment en période estivale (mai à septembre, globalement).
- La queue de l’Yonne : plus sauvage, plus envasée, c’est parfait pour qui aime le challenge – et souvent récompensé par des carpillons énervés et des surprises de 15+, voire 20+ pour les plus patients.
- Le secteur du barrage : plébiscité, souvent pêché, donc plus technique. À réserver à ceux qui aiment la compétition avec les collègues du coin. L’activité peut être fulgurante à l’aube.
Et parce qu’il faut aussi savoir l’éviter : la zone nord en période de grand vent peut rapidement devenir impraticable (et pas que pour ta ligne). Si tu pêches le vent dans la gueule sans plan B, prépare-toi à méditer sur la solitude pendant 48h.
Quel matos pour Pannecière ? Du robuste, de l’endurant
Pannecière, c’est pas l’étang de papy. Là, on parle grandes distances, mousse abondante, racines traîtresses, et communes qui tirent comme des locomotives. En termes de matos, il faut donc du dur, du sérieux, du éprouvé.
- Rods : des 12″ en 3.5 lbs mini, avec action de pointe progressive si tu veux garder contrôle ET distance. Le combo gagnant ? Une canne rigide mais pas gauche – genre la Greys Prodigy ou sa cousine chez Sonik.
- Moulinets : big pit de rigueur. Du Daiwa Emcast, Shimano Ultegra ou équivalent, capable d’avaler 300m de 35/100 sans broncher.
- Fil : 35/100 obligatoire ou tresse (si autorisée sur la zone). Pense tête de ligne type shock leader si tu veux éviter les ruptures à l’impact… ou les cris nocturnes en pleine session.
En bonus : prévoir barque, échosondeur (même basique), et détecteurs costauds. Pannecière teste le mariage entre technologie et patience. Ceux qui sous-investissent passent souvent leur temps à réparer ou regretter.
Stratégies d’amorçage : massif ou discret ?
Grande question existentielle : faut-il amorcer comme un forcené ou raser les bas-fonds à la volée ? La réponse tient souvent à la saison, la pression de pêche… et ton niveau de foi dans ton spot.
Pannecière peut parfois être généreux avec les amorçages lourds, notamment l’été : là, un bon mix de graines bien cuites (maïs, tiger, chènevis), quelques poignées de billes fruitées ou carnées (attention à ne pas trop « parfumer » non plus), et une amorce type farine si l’eau est chaude. L’objectif : fidéliser un banc.
En automne ou sur des zones moins profondes, mieux vaut jouer la carte finesse : stick mix, PVA, petits appâts équilibrés style wafters ou dumbell. Une bille par-ci, un amorçage ciblé au cobra la nuit tombée, et beaucoup d’attente lucide. Oui, parfois tout se joue à une touche vers 3h du matin… et basta.
Les carpes de Pannecière : gabarit, comportement, surprises
Ici, on ne sort pas forcément des monstres every day. Mais ce qu’on sort, on s’en souvient.
Le plan d’eau n’est pas farci de spécimens de 30 kg, soyons honnêtes. Mais il regorge de carpes de 8 à 15 kg, souvent bien nerveuses, en pleine forme… et parfois très vieilles. C’est un peu comme croiser un ancien dans les bois : pas le plus massif, mais une sacré histoire derrière les écailles.
Des captures au-dessus de 20 kg sont possibles, mais elles se méritent, souvent liées à un timing parfait et une stratégie peaufinée. La densité n’est pas folle, mais c’est compensé par le charme du lieu et la satisfaction d’avoir su lire le plan d’eau comme un roman noir. Gone fishing… façon polar.
Savoir attendre… et profiter du décor
Rester 12 heures sans bip n’a rien d’exceptionnel ici. Mais bizarrement, ça passe. Peut-être parce que le lac te parle. Il t’intrigue. Il respire le silence, les grands espaces, les chevreuils qui passent derrière ton bivvy au lever du jour, les brumes qui caressent la surface, les silures qui claquent la queue au loin. C’est bête à dire, mais à Pannecière, on pêche autant avec les yeux qu’avec la ligne.
Et puis parfois, sans raison, le détecteur hurle. Une touche lourde. Une tirée franche, et cinq secondes plus tard, tu es bras en avant sur le rod-pod, les lèvres à moitié couvertes de café tiède. Et là, Pannecière t’offre ton moment. Brut. Poétique. Mérité.
Mes conseils perso ? Ceux qu’on ne lit pas sur les forums
- Évite les ponts/big weekends : le lac attire les miraculés de l’urbain. Mieux vaut une mi-semaine discrète qu’un 15 août sous stéréo de voisins burinés au rosé.
- Surveille les variations de niveau du lac (liées au barrage) : ça t’indique souvent d’où la carpe vient et où elle va. L’accès aux tables rocheuses devient vite stratégique.
- Ne boude pas les pêches de bordure le matin. Certaines de mes plus belles sessions ont eu lieu à 3m du biwy.
- Apporte toujours un imper, même en juillet. Le Morvan, c’est pas Ibiza. Et une nuit trempée sans touche peut ruiner les meilleurs cerveaux.
Et surtout : ne cherche pas à dompter Pannecière. Laisse-le te séduire à son rythme. Parce qu’ici, chaque touche sonne comme une victoire sur le temps. Et c’est déjà pas mal.
